Nathan PUDLES

Intensification du travail, flexibilité et burnout : de l’auto-gestion à la charge mentale. Trois tendances s’observent dans le monde du travail : (a) une intensification du travail, caractérisée par un accroissement du rythme et de la complexité du travail (Mauno et al., 2023) ; (b) une forte augmentation du taux de burnout, particulièrement chez les femmes (INAMI, 2022) ; (c) une augmentation de la flexibilité au travail, notamment via le fort développement du télétravail, qui engendre, à certains égards, une plus grande autonomie des travailleurs (SPF Mobilité et Transports, 2023). L’autonomie est considérée, par un certain nombre de modèles théoriques, comme une ressource pour les travailleurs (e.g. Bakker & Demerouti, 2014 ; Deci & Ryan, 2000). Toutefois, une plus grande autonomie suppose non seulement d’exécuter ses tâches mais également de les organiser dans le temps, ce qui demande un plus grand travail cognitif. Plus les tâches augmentent, en quantité et en complexité, plus ce travail cognitif lié à la réalisation et à l’organisation de ces tâches sera important (Zacher & Frese, 2018). Dès lors, dans un contexte où les travailleurs sont exposés à une intensification du travail, qui engendre déjà de l’épuisement, se pose donc la question de l’effet additionnel de cette auto-gestion du travail sur l’augmentation du taux de burnout. Plus encore, en quoi cet effet additionnel pourrait contribuer aux différences de genre face au burnout. En effet, les femmes en relations hétérosexuelles sont déjà confrontées à un important travail cognitif lié à l’organisation des tâches du domaine privé (la charge mentale), celui-ci n’étant que très peu partagé par leur conjoint (Daminger, 2020). Dès lors, ce double travail cognitif dû à l’organisation des tâches, d’une part liées au domaine professionnel et d’autre part liées au domaine privé, pourrait accroitre le risque d’épuisement chez les femmes.
 

Liste de ses publications (Di-Fusion, dépôt institutionnel de l'ULB)